Artemisia Gentileschi au Musée Jacquemart-André
Compartir en Facebook
Paris le 28 décembre 2024. Le Musée Jacquemart-André met à l’honneur en mars 2025 l’artiste romaine Artemisia Gentileschi (1593 - vers 1656). Personnalité au destin hors norme, cette protagoniste de la peinture caravagesque est l’une des rares artistes femmes de l’époque moderne ayant connu de son vivant une gloire internationale et qui put vivre de sa peinture. À travers une quarantaine de tableaux, réunissant aussi bien des chefs-d’œuvre reconnus de l’artiste, des toiles d’attribution récente, ou des peintures rarement montrées en dehors de leur lieu de conservation habituel, cette exposition met en valeur le rôle d’Artemisia Gentileschi dans l’histoire de l’art du XVIIe siècle. L’exposition tend notamment à démontrer la profonde originalité de son œuvre, de son parcours et de son identité, qui demeurent encore aujourd’hui une source d’inspiration et de fascination. L’histoire d’Artemisia traverse les siècles, et la lecture que l’on peut faire de son œuvre - reflet de son vécu et de sa résilience – s’avère intemporelle et universelle. Née à Rome en 1593, la jeune Artemisia se forme auprès de son père, Orazio Gentileschi (1563-1639), artiste d’origine toscane influencé par Caravage, et témoigne très vite d’un talent singulier pour la peinture. Adulte, elle mène une brillante carrière, gagnant une renommée internationale et des commandes dans toute l’Europe, jusqu’à la cour de Charles Ier d’Angleterre où elle rejoint son père en 1638. Malgré le succès flamboyant qu’elle avait connu de son vivant, Artemisia tombe dans l’oubli vers la fin du XVIIIe siècle. Il faudra attendre le XXe siècle pour que son œuvre soit de nouveau appréciée à sa juste valeur. Sa formation initiale avec son père Orazio, fondamentale pour comprendre son art, ainsi que l’impact fort de Caravage, seront mis en exergue dans l’exposition, notamment grâce à des prêts exceptionnels, tels que l’imposante Suzanne et les vieillards (Pommersfelden, Schloss Weissenstein), sa première œuvre signée et datée signée et datée, et le Couronnement d’épines de Caravage (collection de la Banca Popolare di Vicenza S.p.A. in L.C.A.). Dès ses débuts, Artemisia fait preuve d’une capacité unique à saisir la psychologie de ses personnages, dans des compositions à la puissance explosive, qui contrastent avec l’élégance lyrique d’Orazio. L’analyse de l’œuvre d’Artemisia Gentileschi est difficilemment séparable de celle de son destin, même s’il serait réducteur de comprendre son art uniquement à la lueur de sa vie. En 1611, son existence bascule : le peintre Agostino Tassi, employé par son père Orazio afin de lui enseigner la perspective, la viole. Refusant d’épouser la jeune fille en guise de réparation, Agostino Tassi se voit intenter un procès par Orazio Gentileschi, au cours duquel Artemisia est torturée afin de prouver la véracité de ses accusations. Les Gentileschi gagnent le procès, prouvant qu’Artemisia avait bien été violée, cependant, Tassi, condamné à cinq ans d’exil, mais protégé par le pape Paul V Borghèse, put rapidement revenir à Rome. La manière dont Artemisia surmonta cette épreuve révèle sa résilience, son courage et sa détermination. À l’issue du procès, Artemisia épouse un Florentin et part s’installer à Florence. Elle atteint la pleine émancipation et la célébrité dans cette ville, période au cours de laquelle elle développe aussi bien ses compétences techniques que son érudition. Grâce aux relations qu’elle y établit, elle développera plus tard un réseau international de commanditaires. Durant ces années, elle peint avec d’autres artistes le plafond de la Casa Buonarroti, maison dédiée à la mémoire de Michel-Ange par son descendant, dont deux panneaux sont exceptionnellement présentés dans notre exposition. Artemisia joue avec sa propre image et ses autoportraits, comme la célèbre Joueuse de luth du Wadsworth Atheneum Museum of Art (Hartford), lui font notamment gagner la confiance du grand-duc Cosme II de Médicis, qui lui commande bientôt des œuvres monumentales, aujourd’hui perdues. Son talent de portraitiste, loué par ses contemporains, constitue un point central de l’exposition qui présente une série de portraits, dont certains ont été récemment découverts. Artemisia Gentileschi puise par ailleurs son inspiration dans les thèmes bibliques et littéraires pour mettre en avant des sujets féminins et héroïques, qu’elle représente avec une rare empathie. Parfois, elle les dote d’un pouvoir de séduction unique dont elle a bien conscience ; les nus féminins peints par une femme étaient à l’époque rares et très recherchés par les amateurs. Commissariat : Patrizia Cavazzini, chercheuse associée à la British School de Rome, conseillère de l’American Academy et membre du comité scientifique de la Galerie Borghèse. Maria Cristina Terzaghi, professeur titulaire en histoire de l’art moderne à l’université de Roma Tre et membre du comité scientifique du Museo di Capodimonte à Naples. Pierre Curie, conservateur général du patrimoine. Spécialiste de peinture italienne et espagnole du XVIIe siècle, il a également travaillé sur celle du XIXe siècle français au Musée du Petit Palais où il a commencé sa carrière de conservateur. Cette exposition est présentée sous le patronage de l’ambassade d’Italie. Félix José Hernández.
Compartir en Facebook