Cinémathéque de France : Exposition Viva Varda !
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Paris 19 novembre 2023. En 70 ans de carrière, Agnès Varda n'a cessé de se déplacer et de se réinventer, guidée par un désir jamais assouvi pour les autres et les expérimentations. Films, photos, installations, archives et costume : Viva Varda ! témoigne d’une œuvre personnelle et polymorphe croisant aussi bien la peinture que la Nouvelle Vague, Jacques Demy ou encore le théâtre et les chats. Globe-trotteuse et artiste de conviction, Varda a déployé une œuvre à la renommée internationale mais aussi profondément ancrée dans son temps. Marquée par le féminisme et la marginalité, l’exposition présente ainsi une œuvre d’une très grande actualité. « Je ne choisis jamais une seule version des choses. Il me semble injuste de montrer tant de soleil et de couleur sans aussitôt montrer les ombres mauves et les visages d’une foule anonyme. » Agnès Varda AU FIL DE L’EXPOSITION DE-CI, DE-LÀ : VARDA ET LES IMAGES Cette première salle accueille le visiteur avec la silhouette, si familière, d’Agnès Varda. Elle l’introduit dans la multiplicité des registres d’images avec lesquels elle a joué toute sa vie. L’autoportrait, la photographie, la peinture, mais aussi le goût pour les rapprochements incongrus. Photographe, cinéaste et artiste, Agnès Varda (1928-2019) a élaboré une œuvre à la fois personnelle et témoignant d’une grande attention aux bouleversements sociaux. Sa filmographie compte plus de 40 courts et longs métrages naviguant entre fiction et documentaire, dont les incontournables Cléo de 5 à 7 (1962), Sans toit ni loi (1985), Les Glaneurs et la Glaneuse (2000) et Visages Villages (2017). Varda est l’une des rares femmes de sa génération à avoir fait carrière en tant que cinéaste. Ses films à la première personne en ont fait une figure reconnaissable, associée à la rue Daguerre où elle vécut et travailla pendant 70 ans. De ses liens avec l’histoire de l’art à sa dimension sociale et politique, l’exposition parcourt les grands thèmes d’une œuvre polymorphe. Varda fait circuler ses images d’un support à l’autre, de l’image plane jusqu’à l’installation 3D : « Il ne faut pas montrer. Il faut juste donner envie de voir. » Agnès Varda et le renouvellement du regard. « J’aime mieux la rêverie que la psychologie. J’aime passer du coq à l’âne, m’amuser avec le hasard, des moments d’émotions, des sentiments furtifs, des choses qui passent vite. » Agnès Varda CINÉCRITURE Revendiquant un « cinéma libre » et un statut d’auteure, Varda construit simultanément des personnages principaux féminins réflexifs et complexes, encore rares dans le cinéma à l’heure de ses débuts (Cléo de 5 à 7, 1962). Imprégnée de poésie, de théâtre et de littérature, Agnès Varda s’empare du cinéma en se posant d’abord des questions de forme. Peut-on structurer un film autrement que par la chronologie et la psychologie ? Dans La Pointe Courte qu’elle tourne en 1954, alors âgée de 26 ans, elle met en scène un couple en crise dans un décor naturel de manière inédite, et préfigure la Nouvelle Vague. Elle utilise le néologisme « cinécriture » pour expliquer le travail de cinéaste : un enjeu d’écriture, comme celui d’un scénariste, mais qui évolue des premiers repérages jusqu’au montage final. Un mot-valise emblématique d’un cinéma rigoureux qui repense les représentations comme l’illustre aussi Sans toit ni loi (1985). Portrait rétrospectif et énigmatique d’une routarde en colère, ce long métrage confirme par ailleurs le talent de Varda à utiliser des images documentaires pour rendre compte de l’état mental d’un personnage. « J’étais peut-être l’une des premières à dire qu’il fallait tourner pas cher, vite, en toute liberté d’expression, et essayer de casser un petit peu le réalisme des films de l’époque. » Agnès Varda LES 7 FAMILLES D’AGNÈS Cette partie permet d’appréhender les films de Varda à travers l’idée d’un cinéma à multiples tiroirs : le théâtre, la Nouvelle Vague, Jacques Demy, ses enfants Rosalie et Mathieu, la grande famille du cinéma, les arts plastiques et les animaux. Indépendante depuis son adolescence, Agnès Varda fait des choix de vie sentimentaux, conjugaux et familiaux peu conventionnels. Dans sa vie professionnelle, elle est tout aussi affirmée. Elle ne cesse d’emprunter des voies nouvelles et traverse des milieux professionnels variés. Varda côtoie des personnalités aussi diverses que Valentine Schlegel (sa compagne qui l’éveille à l’art), Jean Vilar (figure du théâtre), Alexander Calder (artiste et ami), Chris Marker et Alain Resnais (cinéastes du Groupe Rive Gauche) ou encore Catherine Deneuve, interprète parmi d’autres de ses fictions. Et bien sûr, son mari et complice Jacques Demy. En 1967, Agnès s’installe à Los Angeles avec sa famille. Elle y revient en 1979 et y tourne son film le plus personnel, Documenteur (1981), avec son fils Mathieu Demy et sa monteuse Sabine Mamou. En 2003, l’invitation d’Agnès à la Biennale de Venise ouvre un nouveau chapitre de son œuvre, inaugurant notamment le format de l’installation d’art contemporain. CURIEUSE DU MONDE Cette section souligne la dimension sociale et nomade des films d’Agnès Varda. De son expérience de photographe, Varda a gardé le goût de documenter le monde, ses bouleversements politiques et ses mutations culturelles. Globe-trotteuse et artiste de conviction, Agnès Varda témoigne d’une grande attention aux bouleversements sociaux. Sa filmographie des années 1960 et 1970 reflète l’effervescence artistique et politique de cette époque : la révolution cubaine (Salut les Cubains, 1964), les mouvements des droits civiques américains (Black Panthers, 1968) et la génération hippie (Lions Love (… and Lies), 1969). Retournant à Los Angeles au début des années 1980, elle s’intéresse aux peintures murales de différentes communautés, dont celles de quartiers défavorisés, qui tentent de construire un monde à leur image en dehors des musées (Mur Murs, 1982). Par la suite, Varda creuse les thèmes de la marginalité dans les villes et les campagnes françaises, avec notamment Les Glaneurs et la Glaneuse (2000). Armée d’une caméra vidéo portable, la cinéaste y pose la question de la surconsommation tout en définissant son cinéma - entre flânerie et orchestration rigoureuse. Le regard de Varda, toujours tourné vers les autres à bonne hauteur, est indissociable d’un constant renouveau esthétique. Il se prolonge dans Visages Villages (2017) où elle reprend la route avec l’artiste JR, à l’âge de 88 ans. « Agnès m’a emporté dans son monde. Même si on narre le film tous les deux, c’est tout de même ˝à la Agnès Varda˝, et le montage est réalisé par elle. Or pour Agnès, la poésie et le cinéma ne sont pas que dans le cinéma, mais dans la vie elle-même. » JR FÉMINISTE, JOYEUSE ET LIBRE « Parfois, on me demande si je suis encore féministe, comme si c’était une maladie », déclare Agnès Varda en 2017. Quarante ans plus tôt, elle termine L’une chante, l’autre pas, son long métrage le plus ouvertement engagé en faveur des droits des femmes, dont l’accès à l’avortement – deux ans après la loi Veil (1975). Son féminisme se manifeste dans ses amitiés (notamment avec Delphine Seyrig), dans son indépendance économique construite dès 1954 avec sa société de production ciné-tamaris et dans ses nombreux propos sur la place des femmes dans le milieu du cinéma. Sa sensibilité féministe transparaît aussi dans la manière dont elle renouvelle les récits et les personnages à l’écran ; parfois en choquant comme avec Le Bonheur (1965), qui dépeint un triangle amoureux avec une audace et une ambivalence inédites. Que ce soit avec son ciné-tract Réponse de femmes (1975) ou son poème baudelairien Les Dites Cariatides (1984), il s’agit souvent de proposer une autre image des femmes et du couple, loin de ce que Varda appelait les « clichés collectifs ». « Je ne sais pas à quel moment j’ai pris conscience que ce n’était pas seulement la question d’être libre, mais que le combat des femmes serait collectif ou ne serait pas. » Agnès Varda CATALOGUE VIVA VARDA ! Aux Éditions de La Martinière. Un ouvrage collectif sous la direction éditoriale de Florence Tissot, avec la complicité de Rosalie Varda. Préface de Costa-Gavras « On a beaucoup parlé des trois vies d'Agnès : celles de photographe, de cinéaste et de plasticienne. La grande exposition à la Cinémathèque française, c'est sa quatrième vie : celle de la trace qu'elle a laissée de son parcours si singulier. Cette trace qui continue d'inspirer les cinéphiles, les curieux, les amoureux et les étudiants du monde entier. » Rosalie Varda & Mathieu Demy De ses liens avec l’histoire de l’art à sa dimension sociale et politique, l’ouvrage Viva Varda ! parcourt les grands thèmes de l’œuvre polymorphe d’Agnès Varda (1928-2019). Ce catalogue, regroupe douze essais inédits et une filmographie commentée par de nombreuses personnalités telles que Olivier Assayas, Anne Berest , Jane Birkin, , Alice Diop, Audrey Diwan, Valérie Donzelli, , Julie Gayet, JR, Nicolas Philibert, Alice Rochwacher, Wim Wenders ou Rebecca Zlotowski. Le livre est illustré d’environ 300 documents (archives, images de films, œuvres d’art, photographies, etc.), dont de nombreux inédits, provenant en grande partie des archives personnelles d’Agnès Varda conservées à cinétamaris, société familiale qu’elle a créée, gérée par Rosalie Varda et Mathieu Demy. En librairie le 6 octobre - Livre broché – 220x285 mm - 224 pages et 300 documents environ – 34,90 € ACTIVITÉS CULTURELLES ET ÉDUCATIVES VISITES GUIDÉES Tous les samedis et dimanches à 16h30 Durée : 1h30 – A partir de 8 ans - Tarif : 14 € - Réservations en ligne PARCOURS « VARDA ET LE MONDE » Visite guidée de l'exposition et analyse de films avec un conférencier, autour du vagabondage et du glanage chez Agnès Varda. À travers ses personnages épris de liberté, sur les marchés parisiens, les routes de campagnes françaises ou à Los Angeles, une exploration de sa mise en scène inventive et sa détermination à documenter le monde. Dates : samedi 21 octobre, samedi 18 novembre, samedi 16 décembre, samedi 20 janvier, à 16h Durée : 2h30 – À partir de 15 ans – Tarif : 20 € Réservations en ligne EXPOSITION VIVA VARDA ! Du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024 Horaires : Lundi, mercredi au vendredi : 12h à 19h. WE, Vacances scolaires zone C et jours fériés : 11h à 19h Fermeture le mardi et le 25 décembre. Nocturnes gratuites réservées aux moins de -26 ans et aux étudiants le 2e jeudi du mois jusqu’à 21h, sur inscription obligatoire Tarifs : PT : 12 € / TR* : 9,50 € / Moins de 18 ans : 6 € Accès libre pour les Libre Pass Forfait exposition + musée : PT 14€ / TR* 11,50€ / Moins de 18 ans 8€ Pack tribu (max 2 adultes et 3 enfants) : 30 €, vendu exclusivement en ligne Réservation conseillée sur : cinematheque.fr et fnac.com Félix José Hernández.
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