Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant
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Paris le 29 avril 2025. Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine, l’exposition retrace l’histoire millénaire de l’or dans les arts textiles. Une histoire fascinante où se marient création artistique, savoir-faire traditionnels et inventions techniques. Dès le cinquième millénaire avant notre ère, l’or agrémente les premières étoffes de luxe dédiées aux hommes de pouvoir. Au cours des siècles suivants, des tisserands et artisans chevronnés – romains, byzantins, chinois, perses puis musulmans – déploient les techniques les plus ingénieuses pour réaliser de véritables tissus d’art où les fibres de soie ou de lin s’entrelacent aux lames et filés d’or. Des premiers ornements cousus sur les vêtements des défunts aux robes flamboyantes de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, des caftans brochés d’or du Maghreb et d’Orient et des soieries des mondes indien et indonésien aux kimonos scintillants de l’ère Edo, l’exposition propose une traversée au fil de l’or en deux sections historiques et techniques et cinq sections correspondant à cinq grandes aires géographiques et culturelles. Costumes de lumière des pays du soleil couchant Les costumes présentés dans cette première section géographique – manteau (caftan), tunique, pantalon, gilet – témoignent du métissage culturel qui marque les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie). Le goût du faste caractérise très tôt cette région. Au 10e siècle, la ville de Mahdia, en Tunisie, est réputée pour ses étoffes tissées d’or et de soie. Deux siècles plus tard, sous la dynastie des Almohades, des soieries brochées d’or sont réalisées dans les ateliers de Marrakech, au Maroc mais aussi à Malaga et à Alméria en Andalousie. Après la chute de Grenade en 1492, les pays d’Afrique du Nord accueillent de nombreux exilés andalous, juifs et musulmans qui apportent de nouvelles modes vestimentaires mais aussi de nouvelles techniques de tissage et de broderie au fils d’or. À partir du XVIe siècle, l’expansion de l’Empire ottoman marque les costumes citadins de cette région qui s’inspirent de modèles venus de Turquie. Costumes d’apparat dans les pays d’Orient La seconde section est consacrée à une vaste région levantine comprenant l’Égypte, le Liban, la Turquie, l’Iraq, le Yémen et l’Iran. Dès l’expansion musulmane au 7e siècle en Asie et en Afrique, le goût du luxe et des riches vêtements se répand dans le nouvel empire. Sous la dynastie des Abbassides de Bagdad (750-1258) tout comme celles des Fatimides (969 et 1171) et des Mamelouks d'Égypte (1250-1517), les ateliers de tissage produisent de fines étoffes ornées d’or dont certaines sont destinées à la confection des vêtements des femmes des hautes classes. Ces tissus de luxe occupent une place éminente dans la Turquie ottomane mais aussi dans l’Iran safavide (1501 à 1736) et qajar (1786 à 1925) comme en témoignent de nombreux voyageurs occidentaux comme Jean Thévenot ou Jean Chardin. Robes chamarrées de la presqu’île arabe Cette troisième section est dédiée à une région qui s’étend du cœur de l’Arabie Saoudite aux Émirats de la côte orientale de la péninsule Arabique (Bahreïn, Koweït, Qatar). Elle présente une riche sélection de robes de fêtes et de mariages qui trahissent une influence indienne. Taillées dans des tulles, des damas ou des mousselines de soie aux superbes broderies dorées, ces robes partagent les mêmes caractéristiques : coupe large et presque carrée, panneaux latéraux s’ouvrant pour former de vastes manches qui viennent couvrir la tête en un double drapé. Ces robes lumineuses constituent aujourd’hui la tenue féminine d’apparat par excellence des femmes de cette vaste zone. On les retrouve sous différents noms selon les pays : thob al-hashimi, thob al-nashal, thob al-mufarakh ou encore thob al-mukhattam. Drapés d’or dans les mondes indiens et du sud-est asiatique Cette section met l’accent sur l’art du drapé caractéristique des sociétés d’Asie du sud et du sud-est. Lors de mariages fastueux, les femmes indiennes font le choix de l’or et se parent des plus somptueux saris brochés de filés métalliques dorés. En Malaisie et à Sumatra en Indonésie, les songket, longs rectangles de soie tramés d’or, sont des atours de choix pour les cérémonies traditionnelles. Ils sont portés en sarong autour de la taille, en étole asymétrique ou en coiffe savamment nouée sur la tête. Enfin au Cambodge et au Laos, l’or habille principalement les membres de la cour royale ainsi que les artistes de danse et de théâtre de cour dont les costumes scintillants brodés et tissés de filés d’or évoquent les divinités du panthéon bouddhiste et hindouiste. Costumes d’or et de soie en Asie orientale La dernière section voyage en Chine et au Japon pour y explorer l’histoire séculaire de cet alliage d’exception entre or et textile. En Chine, les toutes premières soieries rehaussées d’or datent des dynasties Han et Jin (entre 206 av. J.-C. et 420 apr. J.C.). Des fragments ornés de feuille d’or de cette période sont retrouvés dans le Xinjiang. C’est sous les Tang (618-907) et surtout sous les dynasties Liao (907-1125) et Jin (1151-1234) que se diffusent les soieries complexes tissées d’or (zhijinjin). La broderie au fil d’or se développe dans les ateliers impériaux dès la dynastie Tang et prospère jusqu’au 19e siècle. Un spectaculaire ensemble de kimonos et de ceintures obi complète l’accrochage. À l’origine simple habit de tous les jours, le kimono devient un vêtement d’apparat d’une sophistication extrême dès l’ère Muromachi (1336 – 1573). Dès la première moitié de l’ère Edo (1603-1867), les kimonos sont couverts de riches broderies dorées et de motifs réalisés à la feuille d’or. Ce chapitre offre aussi l’occasion d’évoquer l’histoire de Nishijin, quartier de tisseurs de Kyôto réputé pour ses étoffes ennoblies de filés métalliques dorés et argentés Le parcours de l’exposition est ponctué de « bulles » thématiques qui entrainent les visiteurs à la découverte de trois matériaux qui ont la couleur de l’or mais qui n’en sont pas : la soie marine (ou byssus de la Pinna nobilis), la soie des néphiles dorées de Madagascar et la soie dorée du Cambodge. L’exposition se termine par un focus sur l’or dans la broderie française et plus particulièrement sur la Maison Lesage, qui participe depuis 100 ans aux plus belles créations de la haute couture. Guo Pei, créatrice de mode chinoise Cette exposition inédite est conçue en étroite collaboration avec Guo Pei dont 5 pièces inédites et 9 costumes existants jalonnent l’exposition tout en dialoguant avec les œuvres textiles présentées et en les sublimant. Commissariat Hana Al Banna - Chidiac, ancienne responsable de l’unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient, musée du quai Branly – Jacques Chirac (Paris) Magali An Berthon - professeure assistante en Fashion Studies, American University of Paris et membre associée, Centre for Textile Research, Université de Copenhague (Danemark) L’exposition est organisée par le musée du quai Branly – Jacques Chirac avec la précieuse collaboration de la créatrice de mode chinoise Guo Pe HORAIRES D’OUVERTURE DU MUSÉE Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h30 à 19h, le jeudi jusqu’à 22h. Ouverture exceptionnelle les lundis des vacances de Toussaint, Noël, Hiver et Printemps (toutes zones) INFORMATIONS PRATIQUES Du 11 février au 06 juillet 2025 musée du quai Branly – Jacques Chirac 37 quai Branly, 218 et 206 rue de l’Université 75007 Paris T. 01 56 61 70 00. Félix José Hernández.
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