CERITH WYN EVANS, LUEURS EMPRUNTÉES À METZ
Compartir en Facebook
Metz le 27 janvier 2025. Lueurs empruntées à Metz est la première exposition personnelle de Cerith Wyn Evans dans une institution française depuis sa monographie au Musée d’Art Moderne de Paris (ARC) en 2006. S’emparant du Forum et de la Galerie 3, l’artiste met en résonance des œuvres sonores et lumineuses, et élabore de rayonnantes scénographies. Des créations anciennes et d’autres plus récentes entrent en interaction tels des personnages de théâtre, produisant de nouveaux scénarios. Chacune reste singulière, et toutes sont orchestrées de telle sorte que l’exposition ne cesse de se transformer, comme animée par une vie intérieure. Cerith Wyn Evans a d’abord œuvré du côté du cinéma expérimental. Depuis les années 1970, il entretient une relation avec l’art conceptuel, en se concentrant sur la sculpture et les installations. Si ses créations conservent les qualités cinématographiques de ses débuts, les spectateurs ne sont plus de simples observateurs : leur présence et leurs changements de perspective jouent un rôle central. Depuis près de quarante ans, l’artiste développe une pratique singulière à travers laquelle il explore les limites de la perception, et remet ainsi en question l’approche conventionnelle du principe même d’exposition. Dans le Forum du Centre Pompidou-Metz, un « jardin d’hiver » accueille des œuvres qui brouillent les frontières entre nature et culture. De même, le jardin joue avec l’architecture de Shigeru Ban et Jean de Gastines, donnant l’illusion qu’intérieur et extérieur ne font qu’un. Pour cette installation, l’artiste investit l’espace du rez-de-chaussée, avec des plantes baignées dans la lumière naturelle traversant les vitres qui vont du sol à la toiture. Au cœur de cette végétation, deux colonnes constituées de tubes à filament rappellent les tubes de carton qui ont fait la renommée de Shigeru Ban. À l’image de gigantesques arbres de verre, elles s’élèvent jusqu’à la toiture culminant à 35 mètres. Ces colonnes restent délibérément éteintes, comme un signe muet rappelant les progrès inexorables de la technologie. Dans le Forum toujours, des géodes d’améthyste posées dans de grandes caisses de verre invitent à un dialogue entre le monde de la nature et le monde social. Dans une atmosphère sensiblement différente, Cerith Wyn Evans transforme la galerie du troisième étage en ce qu’il appelle un « jardin de promenade ». Ici, l’artiste recouvre les murs de 80 mètres de long de miroirs et dévoile les baies vitrées situées aux deux extrémités de la galerie. Ainsi, la lumière extérieure et les vues sur la ville de Metz prennent place dans l’exposition. La lumière diffuse émanant des sculptures crée des effets électrisants lorsqu’elle se reflète sur les miroirs. Les œuvres lumineuses semblent y exprimer une force vitale intérieure. Adoptant le tempo d’une calme respiration, cinq colonnes constituées de LED s’allument lentement jusqu’à l’aveuglement puis baissent d’intensité jusqu’à la transparence absolue. Cette œuvre fait écho à une sculpture voisine en verre transparent, dont les flûtes de cristal inspirent et expirent l’air ambiant au rythme d’un programme algorithmique. Fonctionnant en autonomie, elles émettent d’étranges bruits de drones. Si jouer de la flûte ou souffler le verre requiert l’intervention du souffle humain, ici, l’humain a disparu et l’œuvre d’art a trouvé sa propre voix. Suspendus, des motifs abstraits de néon inspirés de la tradition japonaise du théâtre Nô semblent exécuter une danse frénétique. L’exposition dans son ensemble s’éclaire de reflets, de lumières vacillantes qui interagissent entre elles. Les visiteurs sont les acteurs d’une chorégraphie de lumières naturelles et artificielles, d’ombres, de sons et de silence. La diffusion de ces vagues sonores et lumineuses et les déplacements des spectateurs font de chaque instant de contemplation un nouvel événement. Du 1er novembre 2024 au 21 avril 2025 Galerie 3 Commissaire : Zoe Stillpas CENTRE POMPIDOU-METZ 1, parvis des Droits-de-l’Homme CS 90490 - 57020 Metz. Félix José Hernández.
Compartir en Facebook