Expo Formes au Musée Yves Saint Laurent
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Paris le 8 juin 2023. Avec l’exposition YVES SAINT LAURENT – FORMES, la modernité du couturier Yves Saint Laurent trouve un nouvel écho. Par une mise en espace, l’artiste Claudia Wieser dialogue avec les pièces textiles et les arts graphiques issus des collections du Musée. L’exposition présente une quarantaine de modèles, haute couture et prêt-à-porter, accessoires et croquis, qui se trouvent en résonance avec les décors et les œuvres de l’artiste allemande. Cette expérience originale inscrit définitivement le génie du couturier dans notre époque contemporaine. Grand couturier, Yves Saint Laurent n’a eu de cesse d’inventer des formes. Dès 1958, directeur artistique chez Christian Dior, il affirme sa modernité en signant la ligne «Trapèze». Cette silhouette géométrique devient iconique et s’inscrit dans l’histoire de la mode. « Je pense que l’élément principal de cette mode est la jeunesse et surtout un retour à des tendances jusque-là un peu oubliées c’est’à-dire la simplicité, le naturel et la souplesse. » Interview Yves Saint Laurent par André Parinaud, 1959, INA À partir des années 1960, les créations d’Yves Saint Laurent allient en effet simplicité de la coupe, rigueur des lignes et franchise des couleurs. Ses œuvres font écho aux courants artistiques modernes, abstraction simple et géométrique, constructivisme, art concret, autant de chapitres qui nous laissent découvrir son talent tout en contraste d’Yves Saint Laurent. Radical, le couturier exécute des robes minimales et des combinaisons monochromes qui semblent jaillies d’un seul trait. Au fondement de son art, s’affirme la précision du geste. Coloriste, il imagine des compositions abstraites, entre épure et exubérance, nées de l’assemblage de surfaces planes aux teintes vibrantes. Transposant la matière picturale en matière textile, il équilibre ainsi couleur, forme, surface et ligne. Illusionniste, il oppose le noir au blanc pour créer, par jeux d’op tique, du mouvement dans le vêtement. Par l’utilisation de l’aplat ou du simple tracé, la forme prévaut sur la couleur. Le couturier se veut enfin ludique et joue avec les géométries, assemblant des prismes colorés comme autant de fragments aux cloisonnements audacieux. Courbes ou angles droits, sphères ou lignes brisées, cette ronde de formes est mise en scène par l’artiste allemande Claudia Wieser qui porte ici une attention toute particulière à la couleur et à la forme. Influencée par l ’œuvre de Vassily Kandinsky et de Paul Klee, intuitive et spirituelle, l’artiste qui explore les constructions géométriques d’inspiration moderniste est reconnue pour ses installations immersives et contemplatives. Pour le projet YVES SAINT LAURENT – FORMES, Wieser propose une expérience totale, en présentant un ensemble de pièces, dont certaines inédites. Tout au long de la création lignes, aplats et formes. Dès ses débuts pour la maison Christian Dior, il au long de sa création Yves Saint Laurent a inscrit la beauté féminine conçoit des créations légères, tenues par les épaules et non plus par la taille, qui s’éloignent de la ligne New Look. Cette tendance au dépouillement apparaît ensuite de manière constante dans son œuvre et au travers de réalisations discrètes, qui témoignent de toujours plus de rigueur. Yves Saint Laurent trace une silhouette toute en verticalité, essentielle et libérée de tout super-flu, afin d’atteindre la pureté de la construction. C’est de cette rigueur que découle son style. Ce dernier est, comme il l’exprime, nourri de multiples influences : « J’ai l’impression de faire toujours la même chose et en fait, pas du tout. Il y a une évolution, qui peut venir d’un tissu, d’une tendance, d’un courant d’idées, d’un mouvement artistique.» Les vêtements empruntés au monde du travail sont une de ses sources d’inspiration. Il les adapte à la haute couture, pour en offrir une version féminisée. Il réinterprète les codes des « formes permanentes » de ce qu’il appelle « les vrais vêtements ». Le jump-suit, combinaison utile aux aviateurs puis aux spationautes, est transformé en un ensemble monochrome, dont l’élégance est profilée par des lignes simples et fluides. À la fin des années 1960, ce vêtement devient un classique de la garde-robe Saint Laurent évoquant à la perfection son esthétique « chic décontractée ». La volonté farouche du couturier est d’habiller le corps de la femme, de sorte que le tissu suive ses mouvements et ses attitudes. La mode, selon lui, ne doit pas être raide mais bien au service de la femme. Il l’explique ainsi : « Une robe, ce n’est pas de « l’architecture », c’est une maison : elle n’est pas faite pour être contemplée, mais pour être habitée et il faut que la femme qui l’habite se sente belle et bien dedans ». Le secret d’un art qui entre en maturité pour toucher l’absolu raffinement, la grâce et l’intemporalité d’un vêtement. La couleur est pour Yves Saint Laurent l’essence même de la composition des formes. Les premières créations du couturier sont des robes courtes, droites aux coloris exubérants, à l’image d’une femme élégante et moderne. Les collections des années 1965 et 1966 proposent un style avant-gardiste, puisant leurs sources dans l’univers des peintres abstraits. Combinant rigueur de la coupe et fantaisie chromatique, ces robes se présentent comme des constructions nouvelles, nées de la rencontre de plusieurs plans aux tonalités vives, qui dynamisent l’ensemble. La nature et la disposition de ces surfaces colorées participent à la diversité des formes produites. Chez Yves Saint Laurent la couleur est au cœur de sa démarche créative, elle se fait matière et expression. Il privilégie des assemblages par aplats de couleurs saturées, faits sur des matières unies et lisses comme le jersey. La juxtaposition «en vagues» qui avait caractérisé une grande partie de la collection automne-hiver 1966 est remplacée dans les décennies suivantes par des imbrications bien plus nettes, entre rectangles de couleur ou matières différentes et lignes tranchantes. Les teintes sont assemblées par deux ou par trois et s’étagent tel un colorama. Une couleur foudroyante s’impose toujours plus que les autres, attirant le regard sur une partie choisie de la silhouette. Coloriste hors pair, Saint Laurent ose une palette radicalement nouvelle, empruntant pour ses tenues les tons vifs de l’abstraction géométrique ou ceux vibrant du Pop art. La forme se définit ainsi par contraste entre ces couleurs. Des accords stridents, parfois même imprévisibles, s’affrontent sur une même tenue avec inventivité et précision, et un jeu de tension se met en place entre forme et couleur. Intemporeles et contemporains, le noiret le blanc font partie intégrante de l’univers créatif d’Yves Saint Laurent et ce dès l’origine. Avec le couturier, tout travail sur la forme commence par un trait de crayon sur le papier pour esquisser ses modèles. « […] je pense qu’une feuille blanche, c’est très ennuyeux et que sans le noir il n’y a pas de traits, pas de lignes. C’est pour ça que mes femmes sont souvent en noir, j’aime que les femmes ressemblent à des dessins, à des épures ». En effet, Yves Saint Laurent utilise la ligne noire comme un moyen d’expression concordant avec sa recherche constante de simplicité et de pureté. Le noir, teinte favorite du couturier pour le soir comme pour le jour, est dans l’inconscient collectif encore associé au deuil par opposition au blanc, symbole de lumière. Pourtant, dès le XIVe siècle, il s’impose peu à peu dans la mode, puis entre, au XIXe siècle, dans toutes les garde-robes devenant la quintessence de la simplicité, de l’élégance et de la séduc-tion. Si, en 1926, il connaît un apogée avec la couturière Coco Chanel (1883–1971) et sa célèbre petite robe noire, Yves Saint Laurent s’aventure encore plus loin. «Je l’aime parce qu’il affirme. […] Mais attention, pas la “petite robe noire” qu’on porte avec des perles et une étole de vison. Du noir moderne.» Car, si dès les années 1910–1920, le noir devient un manifeste de la modernité en opposition binaire avec le blanc avec des artistes comme le peintre russe Kasimir Malevitch (1879–1935) et son fameux tableau Carré noir sur fond blanc (1915), il est poussé à son paroxysme dans l’œuvre du couturier. À l’instar des artistes minimalistes ou de l’Op art, par un subtil jeu de contrastes, de symétries et de dissimulations, Yves Saint Laurent crée un répertoire visuel et formel qu’il décline à l’infini. La forme peut être donnée de différentes manières: par la coupe, la ligne ou la couleur. Ces trois états sont ici réunis pour façonner des ensembles. Comme en témoignent ses multiples dessins de recherches, Yves Saint Laurent construit sa collection SAINT LAURENT rive gauche de l'automne-hiver 1988 autour de formes géométriques colorées. À l’instar des peintres cubistes et dans la continuité des collections haute couture de cette même année, il va jusqu’au bout d’une thématique en la déclinant grâce à de nombreuses combinaisons de lignes, couleurs ou textiles. C’est à l’aide du pastel et d’échantillons qu’il réfléchit dès son dessin à différentes compositions. Comme le maitre verrier élaborant son vitrail, il sépare les formes de larges ganses noires pour appuyer les lignes du corps féminin. Les textiles choisis pour réaliser ces vestes créent un nouvel effet d’optique par l’alternance de mates et de brillants, de surface lisses ou côtelés et de reliefs engendrés par les ganses et les sequins. Les accessoires, des gants colorés et des chapeaux constitués de cubes superposés ou de cônes, prolongent la pensée du couturier. Yves Saint Laurent avait affirmé l’importance de la forme dès sa première collection chez Christian Dior au printemps-été 1958, où une majeure partie des modèles était confectionnée à partir du trapèze qualifiant ainsi la ligne de cette collection. La forme reste présente au fil des collections et se retrouve jusqu’à la fin de sa carrière. Treize vestes de la collection SAINT LAURENT rive gauche de l’automne–hiver 1988 sont d’inspiration cubiste. Elles sont façonnées à partir de formes géométriques imbriquées les unes aux autres, aux textiles et aux couleurs contrastantes. Celle-ci est composée d’un patchwork de satin et cuir, procurant brillance et rigidité, aux cinq couleurs fortes et tranchantes: rose, blanc, noir, fuchsia et jaune. Lors du défilé, Iman porte cette veste avec une jupe droite de satin cuir noir et des accessoires venant accentuer la silhouette: un chapeau créé de deux cubes enchevêtrés fuchsia et noir et des boucles d’oreille composées de triangles et de cercles. Dans sa collection haute couture printemps–été 1980, Yves Saint Laurent remet au goût du jour l’un de ses précédents succès: l’hommage à Piet Mondrian (1872 – 1944) et au mouvement «De Stijl», dont il a trouvé l’inspiration dans l’ouvrage Piet Mondrian, Sa vie, son œuvre écrit par Michel Seuphor en 1956. En effet, le couturier transforme de nouveau les créations du peintre en une œuvre animée tridimensionnelle. Il reprend les codes de ses fameuses robes de la collection haute couture automne-hiver 1965 en optant cette fois-ci pour un tailleur-jupe de toile et gabardine: proche de l’abstraction, la coupe est simple, droite et structurée. Les grands aplats de couleurs. Primaires sont soulignés par un grillage composé de traits noirs, donnant ainsi un effet géométrique à l’œuvre. Aprés une formation en ferronnerie et des études à l’Académie des Beaux-arts de Munich, Claudia Wieser (née en 1973, en Allemagne) dèveloppe une pratique artistique dominée par le travail de la géométrie et de l’espace. Elle mélange les techniques et les matières (céramique, miroir, bois, photographie) en créant des compositions graphiques ainsi que des volumes décoratifs. Depuis 2002, elle expose régulièrement à l’international et participe à de nombreuses résidences. En 2010, elle réinterprète Le Poème de l’angle droit du Corbusier au sein du Drawing Center à New York. En 2021, invitée par le Public Art Fund de New York, l’artiste conçoit son premier projet d’art dans l’espace public : cinq sculptures monumentales mettent en lumière le dynamisme de la ville et ses habitants. COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION ELSA JANSSEN Directrice du Musée Yves Saint Laurent Paris SERENA BUCALO-MUSSELY Conservatrice, responsable des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris ARTISTE INVITÉE CLAUDIA WIESER COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE MUSÉE YVES SAINT LAURENT PARIS ALICE COULON-SAILLARD Curatrice, chargée des collections photographiques, audiovisuelles et archives presse DOMITILLE ÉBLÉ Curatrice, chargée des collections arts graphiques JUDITH LAMAS Curatrice, chargée des collections textiles et accessoires. LE MUSÉE YVES SAINT LAURENT PARIS Le Musée Yves Saint Laurent Paris, présidé par Madison Cox, est le premier musée consacré à l’un des plus grands couturiers du XXe siècle dans la capitale de la mode. Il a ouvert ses portes le 3 octobre 2017, quinze années après la fermeture de la maison de haute couture et obtient l’appellation « Musée de France ». Il occupe l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent durant près de trente ans, de 1974 à 2002, les créations d’Yves Saint Laurent. La collection du musée est riche de plus de 100 000 pièces d’arts graphiques dont 55 000 croquis de mode du couturier, 130 000 photographies et 20 000 pièces textiles et accessoires. Un fonds documentaire presse et audiovisuel de plus de 50 000 archives complète ces collections. Elles sont le fruit d’un travail pionnier d’archives entrepris par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Musée Yves Saint Laurent Paris 5, avenue Marceau 75116 Paris +33 (0)1 44 31 64 00. HORAIRES Visiteurs individuels, tous les jours de 11h à 18h, sauf le lundi. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Accueil des groupes du mardi au samedi de 9h à 11h. Uniquement sur réservation auprès de Cultival. BILLETTERIE Plein tarif 10 € Tarif réduit 7 € 10-18 ans, enseignants, étudiants (sur présentation d’un justificatif en cours de validité). Gratuité Enfants de moins de 10 ans, étudiants en histoire de l’art, étudiants en école de mode, étudiants en journalisme, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap et leur accompagnateur, réfugiés (sur présentation d'un justificatif de l'OFPRA), détenteurs d’une Carte d’Identité des Journalistes Professionnels, de l’ICOM-ICOMOS ou d'une Carte professionnelle de guide-conférencier (sur présentation d’un justificatif en cours de validité). Félix José Hernández.
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