L’Album du Monde (1842-1911), au Musée Quai Branly-Jacques Chirac
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Paris le 2 juin 2023. Prenant comme point de départ la collection de photographies du musée du quai Branly – Jacques Chirac, collection de référence pour la représentation du monde extra-européen dans les premières années de la photographie, l’exposition s’intéresse aux trajectoires et aux géographies du médium hors Europe au 19e siècle, dès son invention. À travers une sélection de près de 300 photographies produites entre 1842 et 1911 en Asie, en Afrique, en Océanie et aux Amériques, elle cherche à mieux comprendre le phénomène de dissémination mondiale de la photographie et les histoires régionales de la photographie extra-européenne. Une collecte visuelle du monde De nombreux lieux dans le monde sont devenus accessibles par la photographie dès l’annonce officielle de son invention. En août 1839, les détails techniques du daguerréotype sont divulgués à Paris et, dès le mois de septembre les chambres noires sont embarquées sur les navires et franchissent les frontières de l’Europe. Outil associé à la modernité technologique occidentale, embarqué lors des innombrables voyages, expéditions scientifiques ou militaires à travers le monde, le médium photographique est employé dans la deuxième moitié du 19e siècle pour investiguer dans tous les espaces du globe. Du Mexique au Gabon, la photographie est tour à tour un instrument de description et d’appropriation visuelle des paysages et des monuments, un outil de connaissance et de contrôle des populations, ou encore un objet de diplomatie face à l’élite locale. L’expansion coloniale européenne est l’un des moteurs qui accélère considérablement la collecte photographique mondiale. Dissémination et appropriations locales Le nouveau médium se propage dès le 19e siècle à l’échelle du globe et connaît des rythmes d’adoption très variables selon les régions. Les Européens ne sont alors plus les seuls à expérimenter, commander et commercialiser la photographie. Son enracinement local peut être lié aux relations des pays avec l’Occident ou au rapport des sociétés aux images. Le parcours de l’exposition, présentant l’œuvre de photographes européens et locaux sur les quatre continents, s’attache à mieux comprendre le développement et l’appropriation du médium dans le monde à l’échelle locale en mettant au jour des photographes, des commanditaires, des phénomènes ou des formes photographiques moins connus, pour tenter de rééquilibrer une histoire de la photographie trop souvent centrée sur l’Europe et les États-Unis. Dans de nombreuses régions, en Colombie, de l’Afrique de l’Ouest à Madagascar, de l’Iran au Japon en passant par l’Inde, la photographie a été adoptée et parfois adaptée aux usages sociaux et aux cultures locales et semble répondre en de nombreux lieux au désir d’autoreprésentation et de construction des identités modernes. Si les appareils et les photographes voyagent, leurs modèles circulent également. Les élites autochtones font des séjours diplomatiques réguliers ou viennent se former en Europe. À partir des années 1860, de très nombreux studios photographiques s'installent dans les grandes villes répondant à la demande d’une clientèle touristique en quête d'exotisme. Mais le décor du studio attire aussi une clientèle locale soucieuse de conserver le souvenir de ses proches. Jusqu’où photographier ? Le 19e siècle européen s'est caractérisé par un besoin d'accumulation d'objets, de connaissances mais aussi de territoire. Via la photographie, les paysages sont devenus des terres à cartographier, à conquérir, et leurs habitants des sujets à étudier. Dans le domaine scientifique, le modèle de l'histoire naturelle a influencé l'utilisation de la photographie. Celle-ci a contribué à véhiculer le mythe de territoires vierges et a été un outil pour la discipline géographique en plein essor, en prétendant à l'exhaustivité : tout voir, tout photographier. Mais cette soif d'images qui s'est manifestée dès 1840 en Europe puis rapidement dans le monde entier a rencontré des situations contrastées. Dès le début s’est posée la question des limites : jusqu'où aller, dans quelles conditions et dans quels buts faire une photographie ? Défi technique parfois mais surtout question éthique quand il s’agit de témoigner des horreurs des guerres, ou quand il s’agit de produire l’image de scènes ou d’objets censés demeurer cachés. Certains photographes ont pu ruser, contraindre ou négocier pour obtenir une image. La sélection des œuvres, élaborée majoritairement à partir de la collection de photographies du quai Br anly, s’attache ainsi à mettre en lumière la diversité des pratiques photographiques hors Europe à ses débuts et dévoile des témoignages précoces de photographes autochtones. En révélant les usages scientifiques, militaires et commerciaux, ainsi que les fonctions mémorielles et sociales de la photographie, et en présentant une diversité d’objets et de techniques, le parcours invite à réinterroger aujourd’hui le sens du geste photographique dans ces différents contextes extra-européens. Cette exposition est une adaptation de l’exposition Ouvrir l’album du monde : Photographies 1842-1896 conçue par le musée du quai Branly – Jacques Chirac et présentée au Louvre Abu Dhabi du 25 avril au 13 juillet 2019. / Audioguide (français et anglais) / Visite guidée à partir de 12 ans (durée : 1h30) / Parcours enfant pour découvrir l’exposition, à partir de 7 ans / Colloque Photo-Monde – Juin 2023 L’objectif du colloque est de prolonger la réflexion de l’exposition en invitant chercheurs, historiens, historiens de la photographie et conservateurs internationaux à nourrir le débat sur les écritures possibles d’une histoire décentrée et polyphonique des débuts de la photographie. / Publication Mondes photographiques, histoires des débuts Le livre qui accompagne l’exposition élargit son champ d’étude pour proposer la première histoire décentrée des débuts de la photographie mondiale. Prenant comme socle la collection de photographies du musée du quai Branly – Jacques Chirac, collection de référence pour la représentation du monde extra européen dans les premières années de la photographie, il approfondit cette étude pour s’intéresser aux trajectoires et aux géographies du médium hors Europe dès le 19e siècle. Coédition musée du quai Branly – Jacques Chirac / Actes Sud 400 pages. 69 €. Commissaires Christine Barthe Responsable de l’unité patrimoniale des collections photographiques, musée du quai Branly – Jacques Chirac Annabelle Lacour Responsable des collections photographiques, musée du quai Branly – Jacques Chirac INFORMATIONS PRATIQUES Du 4 avril au 2 juillet 2023 Galerie Jardin musée du quai Branly – Jacques Chirac 37 quai Branly, 218 et 206 rue de l’université 75007 Paris. HORAIRES D’OUVERTURE DU MUSÉE Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. Fermeture hebdomadaire le lundi en dehors des vacances scolaires d’avril. Félix José Hernández.
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