Les Mains du "Che", de Serge Raffy
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Paris le 9 novembre 2018. La belle plume de Serge Raffy nous offre un magnifique thriller politique à propos du « Che » (Ernesto Guevara de la Serna). Une histoire habilement contée et bien construite. Une belle réussite de la rentrée littéraire 2018. « Pays basque, 6 septembre 1984 Ce fut un orage mémorable. Un moment où l’on sent qu’une simple bourrasque peut vous transformer en fétu de paille. Seul face aux éléments déchaînés, je hurlais à la mort, les bras grands ouverts, en direction du large. Le ciel, zébré d’éclairs, grondait comme une armée en déroute. J’étais trempé de la tête aux pieds, malgré le ciré que je n’avais pas eu le courage de retirer. Je m’approchais du naufrage libérateur. J’attendais la vague géante. Ce jour- là, je m’étais posté sur la plage désertée par les touristes. La mer en furie rugissait, balayée par un vent surgi des abysses. J’étais enivré par la toute- puissance de cet ogre marin sentant l’algue et les embruns. Penché contre le parapet du chemin qui menait à la mer, grelottant, je cherchais encore une bonne raison de ne pas mettre fi n à mes jours. Il fallait en finir. Me débarrasser de moi- même. M’éparpiller. Me diluer. Retourner à l’état aqueux. Revenir aux origines. L’eau, la source de tout. L’horizon, d’un noir d’encre, semblait m’implorer de venir le rejoindre. Il réclamait sa pitance. J’étais prêt. L’océan déchaîné poursuivait son assaut contre les falaises. Au sud, les côtes espagnoles se couvraient d’une brume grisâtre, semblable à de la cendre de volcan. On ne voyait plus qu’à quelques mètres. Durant de longues minutes, persuadé de l’imminence de ma dernière heure, je me remémorai les quelques bonheurs que la vie m’avait accordés. L’un d’eux surpassait tous les autres. » Au début des années 1980, sur les bords du lac Maracaibo, un enfant de pêcheurs, Jaurès Pakuto, Indien barí, rêve de devenir photographe. Son ami chilien, l’étrange don Virgilio, chasseur d’éclairs, lui a prédit un destin à la Robert Capa. De l’autre côté de l’Atlantique, en France, Héctor Méndez, jeune journaliste d’origine espagnole, reçoit un beau jour une lettre de son père. Ce père qu’il n’a jamais connu lui révèle un secret : espion du KGB, il fut chargé par Moscou, au début des années 1960, de surveiller Ernesto Guevara, et cela jusqu’à l’annonce de sa mort le 9 octobre 1967. Selon lui, le « Che » serait toujours vivant. Vingt ans après son exécution dans le village de La Higuera, en Bolivie. Absurde ? Sans doute. Mais il y a tout de même ce mystère des mains coupés. Ces mains du « Che » qui ont disparu… Ce thriller politique plonge dans la noirceur des réseaux d’espionnage de la guerre froide depuis l’Empire soviétique jusqu’en Amérique du Sud, à travers le destin des deux personnages candides, parachutés au cœur d’une énigme qui les dépasse. C’est aussi un voyage initiatique qui conduit nos héros de l’Altiplano bolivien jusqu’aux Pyrénées basques, une visite imaginaire de la mémoire du « Che », Christ rouge, Don Quichotte marxiste, apôtre fumeur de Havane. Voici le roman d’une des plus grandes énigmes du XXe siècle, celle de la mort d’Ernesto Guevara, dit « Le Che », par l’un des meilleurs connaisseurs français de la saga cubaine, journaliste, biographe internationalement reconnu de Fidel Castro. Serge Raffy est journaliste, aujourd’hui rédacteur en chef à L’Obs, écrivain et scénariste. Il a publié (presque tout chez Fayard) une dizaine d’enquêtes, deux biographies (Fidel Castro, 2003, nouv. éd. 2013, et Lionel Jospin, 2001), trois romans, dont La Piste andalouse, Calmann-Lévy (prix Europe 1, 2005). Les Mains du "Che". Serge Raffy. © Éditions du Seuil, octobre 2018. Roman. Littérature française. Broché - 14,5 x 22 cm - 304 pages - 19.50 € - ISBN : 978-2-02-136682-2 Félix José Hernández.
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