Au nom du pire, de Pierre Charras
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Paris le 17 décembre 2017. Un bel hommage de Pierre Charras aux femmes et les enfants qui ont souffert de la justice expéditive pendant la période sombre de la Libération. Magnifique livre noir, écrit avec une plume exceptionnelle qui nous offre plein d’espoir malgré les blessures jamais cicatrisées. Roman très noir, ce thriller politique bascule et se transforme en une piqûre de rappel d’une époque terrible où l'on tondait les femmes. Quand ça frotte, que ça s’enraye et qu’il faut agir vite, on (le parti) envoie Goneau, Christian Goneau, un rondouillard teigneux et ficelle qui sait « trouver la faille, se méfier du contre et taper dur » ; « le contraire d’une dentellière », plutôt un « vidangeur » de la politique. Car cet expert en nature humaine que les femmes effraient est aussi un grand marrant. C’est ainsi qu’il débarque, le 12 juin 1995, entre les deux tours des municipales, dans une ville (peu importe laquelle) dont le maire, Michaux, en place depuis vingt-cinq ans, est en train d’avaler son écharpe, mis en ballottage par un chevau-léger de l’opposition. Goneau prend pied, rencontre, à défaut du maire étrangement invisible, Sylvie (la mystérieuse chef de cabinet) et Péron (le secrétaire général très investi)… Il hume, rôde, élabore. Tout cela fleure bon le ragoût provincial chabrolien. Mais soudain tout bascule et Au nom du pire, roman posthume de Pierre Charras, passe de la mascarade à la tragédie. Par l’effet d’un simple discours, tout se tend, s’électrise, la plus sombre mémoire que l’on avait tue revient en force : celle qui va de l’Occupation aux lendemains qui devaient chanter. Avec ce roman, Pierre Charras, homme d’une œuvre « lucide, profonde et désabusée » comme l’écrit Philippe Claudel dans son fervent prologue, donne à la fois une grande leçon d’écriture – maîtrisant en virtuose la conduite (et les changements de cap) de son récit – et un coup de sonde redoutable dans le pire de la mémoire collective française, la pelant à vif, jusqu’à son cœur noir. « Les enfants des bourreaux sont des enfants, pas des bourreaux », nous dit l’exergue. Message reçu. « Pierre Charras est mort en janvier 2014 (...) après avoir publié une vingtaine de romans et pièces de théâtre, singularisés par la peinture plutôt mélancolique d’individus fragilisés par la vie. C’est encore le cas dans ce roman posthume (...) concerne la période la Libération avec sa face noire, les femmes tondues et la justice expéditive. Et aborde ce propos avec intelligence «Les enfants des bourreaux sont des enfants, pas des bourreaux.». Michel Paquot, Vers l'Avenir « Est-il possible qu'on ait oublié Pierre Charras ? Une narration d'une finesse absolue, passant avec adresse du drôle au tragique, un soin délicieux de tous ses personnages. Philippe Claudel, qui le préface, parle d'un écrivain « tendrement ironique », « désabusé », « érudit sans affectation », « lucide et profond ». Une plume d'une infinie délicatesse. Vite, relisons Pierre Charras, Au nom du pire et toute son œuvre, vraiment très belle. » Anne-Sophie Hache, La Voix du Nord « Le Dilettante édite ce livre posthume de Pierre Charras (...) Et c'est une bonne idée. Et soudain, au milieu d'une page, le ton change brutalement. Le lecteur quitte ce roman badin et tombe dans l'horreur de la guerre et de ce qu'on a fait subir à des femmes à la Libération. Un très bel hommage est alors rendu à celles qui ont souffert, faute de réel jugement, et à leurs enfants. » Claude Maine, Ouest-France « Pierre Charras a pratiqué toute sa vie une littérature où le destin des hommes s'éclairait à la chandelle. Au nom du pire démarre comme un film de Chabrol et bascule dans une dimension dramatique avec, en toile de fond, les cicatrices de la Libération. » Thomas Morales, VA « Bientôt quatre ans que la maladie a emporté Pierre Charras, auteur et comédien des plus attachants. De son admiration pour Henri Calet lui venaient l'économie et la pudeur de son style. « Ce roman posthume décrit les dessous d'une élection. On croyait plonger dans des égouts bien crapoteux, on se retrouve parti loin de ça, pour le meilleur et pour le pire. Ce bref récit est d'une efficacité imparable »Jacques Nerson, L’Obs « La littérature comme un sourire. c'est cela qui faisait, qui fait le charme de Charras: ce sourire désabusé qui était la courtoisie de la tristesse, pour raconter de sombres histoires de province, d'Occupation, de vengeance et de femmes tondues (...) une petite musique très personnelle qui laisse transparaitre l'émotion. C'est l'école d'Henri Calet. » François Bott, Service Littéraire « Faisant se succéder portraits et petits drames personnels dans ce livre court dont le titre est lui-même à double sens (le père/le pire), Pierre Charras parvient par son écriture simple, elliptique, à rendre la réalité dans sa complexité et sa cruauté. » Notes Bibliographiques Pierre Charras, né à Saint-Étienne en 1945, a publié son premier roman, Deux ou trois rendez-vous, en 1982. Comédien, traducteur et surtout écrivain, il a mis en scène, en plus de vingt-cinq ans et une quinzaine de livres, les douleurs d'un monde sans aménité. Son style pudique et mélodieux a la grâce simple et souveraine du réalisme poétique, celui d'un Raymond Guérin ou d'un Henri Calet. Il est mort le 19 janvier 2014 à Bagnolet. Au nom du pire . Pierre Charras. Le Dilettante*, 2017. Roman. Avant-dire de Philippe Claudel. Couverture : Camille Cazaubon.12 x 18 cm. 160 pages. 16€. ISBN : 978-2-84263-922-8 dilettante n. (mot ital.). Personne qui s'adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir. Personne qui ne se fie qu'aux impulsions de ses goûts. Le Petit Larousse. Félix José Hernández.
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